EXHAURAGE (chant d'une rivière)
C'est tout mon encéphale, pris en exhaurage,
le brut et le demi-ton, consécration, relargage...
dans les nuages mauves cadrant mon infini,
à la courbe d'une frange sur ton front endormi,
que s'englacent les vapeurs de vin fleuri,
suspendues, stalagtites, à la pointe de mes yeux attendris.
Et mon corps renversé sous le ciel flottant,
inerte de volupté, pris aux fils d'encens,
voyage au fourmillement de ton exotisme,
et les suaves ondulations de ton corps dans mon prisme...
Ma joie s'allume dans la crépitation
d'étincelles dorées, volatiles,
quand ma peau s'echauffe d'un toucher subtil....
Les questions se sont gelées sur le quai ombré,
à la foulée des passants pressés d'exister.
C'est mon émoi qui se presse,
qui s'aimante au délicat parfum
que tu laisses en tranchées roses sur mon coeur,
en décapsule-grenade d'humeurs...
pour qu'y éclosent : des jacinthes blanches-orangées,
des bouquets de confettis dans l'air amouraché,
des clés de fa classiques de romantisme intimidé....
C'est tout mon encéphale, pris en exhaurage,
qui s'emplit à nouveau de toi,
de cet ineffacable mirage.
©Argyne, 8/01/16